Koffi Arcel

San Pedro : j’y étais

San Pedro, située sur le littoral ivoirien, se distingue par son port en eaux profondes, étant le point névralgique du transit de la précieuse production cacaoyère nationale. Cependant, malgré ses atouts indéniables, la ville nécessite un soutien accru pour initier pleinement son développement et déployer tout son potentiel.

San Pedro est une ville située au Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire. Pour y accéder, vous avez deux choix. Soit, vous empruntez la côtière, route dernièrement réhabilitée, idéale pour ceux qui partent d’Abidjan, Dabou, Lahou et autres, soit en passant par le tronçon Soubré-Méagui idéal pour ceux qui partent du Centre, de l’Ouest, de l’Est ou du Nord du pays en transitant par Yamoussoukro.

J’ai eu le privilège de résider à San Pedro pendant six mois, une période qui m’a permis d’observer la ville sous diverses perspectives. Au travers de cet article, je partage mes observations, mettant en lumière les deux principales voies nouvellement réhabilitées, les défis qui jalonnent la vie quotidienne des habitants, et les enjeux cruciaux qui attendent une ville en pleine expansion.

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Les deux voies incontournables nouvellement réhabilitées

Une fresque murale dédiée à la CAN
Crédit photo: BOUSSOU Koffi Arcel

La trame urbaine de San Pedro se dévoile à travers deux axes majeurs qui captivent l’attention dès l’arrivée. Le premier, issu du corridor en provenance de Méagui ou d’Abidjan, traverse la ville jusqu’à la gare, point nodal orné d’un grand rond-point. Incontournable, il constitue le carrefour central reliant les principaux quartiers tels que Séwéké, Zone, Cité, jusqu’aux zones du Lac, Francophonie, et Jules Ferry, culminant finalement au cœur du centre-ville abritant administrations, usines, commerces, et bien d’autres services publics. Le second axe, déployé en direction de Grand-Béréby et Tabou, traverse les quartiers populaires du Bardot et de Colas, dessinant une voie express avec ses deux fois deux voies récemment rénovées et arborant fièrement un marquage au sol. Les résidents attribuent cette rénovation à l’organisation de la CAN 2023, puisque San Pedro a accueilli le Groupe F, composé des équipes du Maroc, de la République Démocratique du Congo, de la Tanzanie et de la Zambie.

En dépit de ces axes principaux, il est à noter que la ville pâtit du manque de voies bitumées dans plusieurs quartiers, rendant leurs accès parfois difficiles. L’université de San Pedro et le Centre Hospitalier Régional (CHR), émergeant récemment du paysage urbain, sont desservis par la deuxième voie, issue du carrefour Timor, surnommé ainsi en hommage à un célèbre policier d’antan. Les infrastructures menant à ces établissements sont récentes, revêtues de bitume neuf et impeccable. San Pedro se distingue également par la richesse de ses institutions éducatives et sanitaires, englobant le CHR, un hôpital général, ainsi que des centres urbains de santé.

San Pedro une ville chère, une ville qui bouge

L’entrée du Centre Hospitalier régional (CHR).
Crédit photo: BOUSSOU Koffi Arcel

Ma deuxième observation porte sur le coût de la vie élevé dans la ville de San Pedro, ce qui lui a valu le surnom sans équivoque de « Sans Pitié ». Effectivement, les frais de logement atteignent des sommets, en particulier dans des quartiers tels que Francophonie ou Balmer. De même, les denrées alimentaires sont onéreuses, même avec la présence du port, les poissons se négocient à des prix élevés.

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Par ailleurs, j’ai constaté une effervescence constante dans la ville. Dès 4 heures du matin, les taxis sont disponibles, et dès 7 heures, les principaux carrefours connaissent une affluence significative, notamment pour l’utilisation des transports en commun, principalement les taxis. Cette dynamique contraste avec ce que j’ai observé à Bouaké, où les activités commencent généralement après 8 heures, et même les commerces ouvrent tard. Les arrêts des bus de la SOTRA sont désormais visibles dans la ville depuis décembre 2023, utilisés comme navettes pendant la Champion’s League des clubs féminins africains en novembre 2023, les matchs amicaux des Eléphants, ainsi que pendant la CAN 2023. Bien que ces mesures de sécurité, telles que la fermeture d’une voie de la route express lors d’événements sportifs, soient conformes aux normes établies pour la CAN, je trouve cela excessif. Des cortèges escortés par les forces de sécurité pourraient être une alternative plus fluide, évitant de perturber excessivement la circulation et les activités.

L’entrée de l’Université de San Pedro.
 Crédit photo: BOUSSOU Koffi Arcel

En outre, un aspect intéressant à noter est que la plupart des taxis à San Pedro fonctionnent au gaz. J’ai échangé avec un chauffeur qui m’a expliqué que si on les contraignait à utiliser du carburant, cela entraînerait une révision à la hausse de leurs tarifs actuels de 200 FCFA. À San Pedro, les taxis génèrent des recettes journalières oscillant entre 15 000 FCFA minimum et 18 000 FCFA maximum. Aux heures de pointe, ils préfèrent effectuer des courses courtes, refusant les trajets plus longs, ce qui peut être source de frustration pour les usagers qui, souvent, se tournent vers l’auto-stop. Il y a une concurrence active pour accéder aux taxis à San Pedro, similaire à celle que l’on peut observer à Abidjan, mais qui diffère de la situation à Bouaké.

San Pedro et ses problèmes : un « plan Marshall » pour la ville ?

San Pedro repose sur une terre argileuse, façonnée par de petites montagnes, des lagunes et des cours d’eau. La pluie rend les endroits glissants, tandis que la saison sèche laisse place à une poussière omniprésente. Les rues non bitumées accentuent ce problème, affectant particulièrement l’intérieur des habitations.

Bien que les plages de San Pedro soient magnifiques, l’accès à celles-ci est entravé par des routes dégradées, voire impraticables. Il est surprenant de constater que des lieux touristiques majeurs ne bénéficient pas d’infrastructures adéquates. Les routes actuelles ne rendent pas honneur à la renommée touristique de San Pedro.

La plage de Monogaga.
Crédit photo: BOUSSOU Koffi Arcel

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San Pedro fait face à des coupures fréquentes d’eau, principalement dans les nouveaux quartiers. Bien que la situation se soit améliorée dans certains quartiers après la CAN, d’autres secteurs, comme Digbeu, Baba, et Kassaraté, continuent d’utiliser l’eau des puits.

Face à ces défis, certains propriétaires offrent des forages à leurs locataires, parfois inclus dans les loyers. Des projets de construction d’un château d’eau sont en cours pour remédier à cette situation.

Aussi, un phénomène étonnant à San Pedro est la divagation fréquente des animaux domestiques dans la ville. Des troupeaux de bœufs peuvent être vus sur les voies publiques, une scène surprenante qui mériterait des mesures pour y remédier.

Expansion Urbaine et Nouvelles Infrastructures

La ville de San Pedro connaît une expansion significative avec la création de nouvelles écoles et de centres de formation, tels que le CAFOP. Les travaux pour l’antenne de l’École Normale Supérieure ont débuté, marquant une évolution majeure.

San Pedro nécessite d’importants investissements gouvernementaux pour moderniser la ville, avec une perspective de décentralisation. Ces initiatives visent à rendre la ville plus attractive pour les Ivoiriens, les investisseurs, les travailleurs, et les touristes.

Des projets de modernisation sont à l’étude pour offrir un avenir meilleur à San Pedro. La ville, en tant que plus grand port exportateur de cacao en Côte d’Ivoire, mérite des investissements conséquents pour développer pleinement son potentiel. Un « plan Marshall » pourrait être la clé pour doter cette ville dynamique des infrastructures qu’elle mérite.

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La consommation des boissons frelatées et contrefaites en Côte d’Ivoire ou comment on côtoie la mort au quotidien 

La Côte d’Ivoire fait face à un fléau qui est celui de la consommation abusive d’alcools frelatés par la population. Cela n’est pas sans conséquences pour cette population, en l’occurrence les jeunes qui sont les plus touchés. Il faut faire quelque chose pour faire cesser cela si on veut avoir une jeunesse en bonne santé pour insuffler le développement à notre pays.

La situation

La consommation de l’alcool par les populations ivoiriennes est un fait qui, de nos jours, n’étonne plus. Les occasions ne manquent pas pour le faire : retrouvailles entre amis, fêtes, cérémonies traditionnelles comme modernes, etc. La bière, le vin, les liqueurs et autres spiritueux y passent. La jeunesse n’est pas en marge de cela. Elle est même la frange de la population la plus active dans cette consommation d’alcool. Et c’est chez cette catégorie de la population que les abus sont nombreux et où l’alcool cause des dégâts.  

Qui sont ces jeunes qui raffolent de l’alcool ?

Ils sont élèves, jeunes déscolarisés, étudiants, hommes de métiers, etc. Parmi eux, on trouve également des fonctionnaires ou des travailleurs du privé. D’autres encore se ‘’débrouillent’’ comme on le dit couramment, pour dire qu’ils font de petites activités génératrices de revenus. Une autre catégorie de ces jeunes, née depuis l’avènement du couper-décaler de Douck Saga s’adonne à ce qu’on appelle le ‘’broutage’’ pour avoir de l’argent. Cette activité consiste à arnaquer des personnes sur internet, surtout des occidentaux, même si des africains n’y échappent pas, en usant de ruses et flatteries. Ils investissent les bistrots et autres tables des vendeurs et vendeuses de ces boissons, dans tous les quartiers et communes de la ville d’Abidjan et même de l’intérieur du pays.

Lire aussi : Côte d’Ivoire, les boissons frelatées envahissent le marché

A quels moments consomment-ils cet alcool ?

Pour ceux qui travaillent, après le boulot, on se retrouve dans les bistrots pour ingurgiter de l’alcool dans l’organisme, à la recherche de sensation forte. D’autres, sans emplois, y passent toute leur journée. Certains parmi eux dorment même sur place. Ces cabarets sont pour la plupart construits avec des matériaux de récupération ou des matériaux de qualité inférieure. Les tenancières ou tenanciers y tiennent quelques fois des restaurants pour permettre à leurs clients de s’alimenter sur place. Les boissons altérées circulent à volonté dans ces endroits, où surgissent des sujets à débats qui font appel à la passion. Il n’y est pas rare de voir des discussions sur des sujets politiques ou sur le sport. On verra les partisans de Leonel Messi défendre bec et ongle qu’il est meilleur que Cristiano Ronaldo et vice-versa, surtout au lendemain d’un match important de la Champions League européenne. C’est pareil au plan politique lorsqu’une actualité fait la ‘’une’’. Les bagarres sont courantes entre ces jeunes au fanatisme débordant.

Crédit photo : Arcel Boussou

Le « koutoukou », ce produit tant prisé

Le « koutoukou » est le principal produit de cette catégorie de boissons frelatées que consomment les jeunes. Le « koutoukou, liqueur artisanale aux nombreuses appellations en Côte d’Ivoire : Gbêlê, Fer, Margué, Koundjadjo, Akpê, Aka Bernard, Kpayôrô, etc., est fabriquée de façon artisanale par fermentation de certains produits tels que le vin de palme, les jus d’ananas ou de la canne à sucre, etc., et est beaucoup consommée par toutes les couches de la population, y compris les jeunes. Son absorption a des effets nocifs sur la santé des jeunes et les conduit à une sorte d’addiction pour certains. Son taux d’alcool n’est pas connu et pourtant le ‘’koutoukou’’ est très prisé par cette frange de la population, surtout ceux qui sont sans emploi. Les cabarets sont nombreux dans la ville d’Abidjan ainsi que dans les autres villes du pays. Nos villages et campements ne sont pas en reste. On voit des buvettes proposer une pléthore de variétés de cette boisson aux appellations autant originales qu’étranges : « tout blanc », « jaune-amer », « 4 heures du matin », « déchirer caleçon », Sia Guéhi », etc. Les différentes qualités de ‘’koutoukou’’ auraient des vertus : aphrodisiaques pour certains, anti-hémorroïdaires pour d’autres. Tout ceci, en rapport avec les tiges, racines, fruits, poudres, etc., en un mot, en rapport avec les différents mis dans les bouteilles.

Qu’est-ce qui pousse les jeunes à la consommation du gbêlê ?

Ces vertus sont-elles les raisons qui poussent les jeunes à sa consommation ? Pas sûr. Pour nous, la première cause est l’oisiveté même si sa consommation n’est pas l’apanage des sans-emplois. Ils y vont d’abord avant d’être informés de ses vertus. On organise même des concours pour savoir qui est le meilleur buveur de ‘’koutoukou’’ dans plusieurs quartiers. On consomme sans modération cet alcool qui après, détériore la santé. Il faut dire que cette boisson ne coûte pas cher. Avec 100 CFA (cent francs), tout le monde peut s’offrir une tournée. Ce peut être une des causes de sa grande consommation par les populations ivoiriennes. Et ses effets sont immédiats, l’état d’ébriété, l’euphorie qui poussent des fois les jeunes à poser des actes répréhensibles.

Plusieurs autres boissons frelatées ou boissons de contrebande, en concurrence chez leurs consommateurs

A côté du ‘’koutoukou’’, il faut noter l’existence de sachets de liqueur, des canettes de bières, de cartons de vins tous moins chers, dont on ne sait les origines et les taux d’alcool qu’ils contiennent. Il faut dire que le pays a interdit la vente de ces boissons. Malgré cela, on voit aux abords des rues, des vendeurs et vendeuses de cigarettes les commercialiser dans une impunité totale. Il se raconte que la drogue circulerait également qu’à ces points de vente de ces boissons prohibées. Ces sachets et canettes d’origines douteuses ont les mêmes effets que le ‘’koutotukou’’. On ne sait pas si les dosages marqués sur les emballages sont exacts. La plupart de ces produits sont importés de certains pays voisins ou sont localement fabriqués par des entreprises clandestines. Cela dénote de la porosité de nos frontières. Comment ces produits qui sont interdits de vente arrivent-ils à passer les contrôles aux frontières pour se retrouver sur les marchés, au vu et su de tout le monde, y compris les autorités ?

De nombreuses conséquences désastreuses suite à la consommation de boissons frelatées.

Une fois le stade de l’addiction atteint, certains jeunes sont méconnaissables. Ils n’arrivent plus à se laver, ils ne mangent plus correctement, ils ne rentrent plus à la maison et d’autres dorment même dans les cabarets ou dans les rues ou encore, dans les marchés. Le ‘’koutoukou’’ et ces autres boissons de contrebande ont des effets semblables à ceux de la drogue sur les jeunes. D’autres, au contact de personnes de mauvaises moralités qui les y entrainent, deviennent des voleurs, des bandits.

Ces boissons frelatées causent de nombreux décès chez les jeunes. En mai 2016, au moins trois jeunes sont décédés après avoir consommé de l’alcool frelaté, le « koutoutou » ou « gbêlê », dans la région d’Aboisso. En 2020, ce sont neuf (9) personnes qui sont décédées à Abobo, dans une commune d’Abidjan, après avoir consommé de l’alcool frelaté.

On cite de nombreuses maladies causées par la consommation de ces boissons. Il s’agit notamment de troubles du cerveau, des troubles respiratoires, de la cécité, etc.

Voir aussi : Côte d’Ivoire, l’alcool frelaté, un tueur silencieux au vu et au su de tous

Comment lutter contre la consommation de l’alcool frelaté ?

Si rien n’est fait pour mettre de la rigueur dans leur interdiction et leur répression, la jeunesse ivoirienne, qui doit se mettre au travail pour construire son pays, va à sa perte et se dirige tout droit dans le mur.

Pour lutter efficacement contre la consommation de ces produits :

Il faut encadrer la production du « koutoukou » ou tout simplement l’interdire. Il faut accentuer les contrôles aux frontières du pays pour empêcher que les boissons frelatées importées ne puissent entrer en Côte d’Ivoire.

Il faut démanteler les entreprises clandestines qui s’adonnent à la fabrication de ces boissons.

Il arrive que des agents de sécurité mettent la main sur des personnes en possession de boissons frelatées dans des opérations de sécurisation générale, comme cela a été le cas récemment du côté d’Anyama où une unité clandestine de fabrication de boissons de contrebande a été découverte. Mais il faut peut-être que le gouvernement planche véritablement sur la problématique de la consommation des jeunes, élèves ou non, chez qui les conséquences sont énormes, pour y apporter des réponses vigoureuses et surtout appropriées.

Lire aussi : Côte d’Ivoire, la police interpelle des élèves à Adjamé avec de la boisson frelatée


Quand l’orpaillage clandestin tue la Côte d’Ivoire

L’activité d’orpaillage, bien qu’interdite en Côte d’Ivoire est pratiquée depuis de nombreuses années. Elle cause de nombreux problèmes sur l’environnement et donc sur les populations. Il faut que le gouvernement se penche plus sérieusement sur elle pour sauver le pays de ces nombreux impacts négatifs.

L’orpaillage clandestin, une activité interdite

L’orpaillage clandestin, cette occupation qui consiste en l’exploitation artisanale, donc avec des moyens et outils rudimentaires des mines d’or, sévit dans plusieurs régions de la Côte d’Ivoire. Elle a récemment causé la mort de cinq jeunes gens, orpailleurs et non orpailleurs, à Kokoumbo après des affrontements entre les orpailleurs et les gendarmes. Il faut dire que l’orpaillage clandestin est interdit en Côte d’Ivoire.

Les évènements de Kokoumbo

Que s’est-il passé à Kokoumbo, cette ville du centre de la Côte d’Ivoire, ville natale du célèbre animateur de télé des années 1980 en Côte d’Ivoire, feu Roger Fulgence Kassi ?

Selon un communiqué de la Gendarmerie Nationale publié sur sa page Facebook, une unité de la gendarmerie, le Groupement Spécial de Lutte contre l’Orpaillage Illégal (GSLOI), spécialisée dans le démantèlement et la lutte contre l’orpaillage clandestin, en mission de démantèlement de sites occupés illégalement à Kokoumbo, a été prise à partie par les exploitants clandestins d’or, aidés par la population. Le bilan a fait état de 5 décès du côté des orpailleurs et de 22 blessés dont 06 gendarmes et 02 agents des Eaux et Forêts.

Cet article que je vous suggère évoque les opérations de démantèlement des sites d’orpaillages: https://www.aa.com.tr/fr/afrique/c%C3%B4te-d-ivoire-orpaillage-clandestin-plus-de-800-sites-d%C3%A9truits-en-10-mois/2601199)

Les autorités rencontrent les populations

Des missions ont ensuite été diligentées à Kokoumbo pour des rencontres avec les populations à l’effet d’expliquer le rôle de l’Etat dans la lutte contre l’exploitation clandestine des mines d’or. Elles ont également donné à la population des conseils sur le respect des lois de la République. Enfin, des dons ont été faits aux populations par certaines autorités administratives et politiques en guise de soutien, suites aux malheureux évènements.

L’orpaillage clandestin, une réalité dans plusieurs régions

Ce qui s’est passé à Kokoumbo est loin d’être un cas isolé dans notre pays. Plusieurs localités où l’orpaillage clandestin est pratiqué, connaissent ou ont connu ce type de drame lorsque les acteurs de ce business affrontent les forces de sécurité en mission de démantèlement des sites d’exploitations clandestines du métal jaune.

Une activité aux nombreuses conséquences désastreuses

L’orpaillage clandestin cause d’énormes problèmes au pays et plus particulièrement aux populations des villes ou localités où il se pratique. Ses conséquences sont de plusieurs ordres. Il tue la Côte d’Ivoire.

En dehors des cas de décès dus à ces types de réactions des orpailleurs et/ou des populations, on note des morts provoqués par les éboulements des galeries creusées à des profondeurs allant jusqu’à des centaines de mètres sous la terre. De nombreux cas d’éboulements sont signalés et lors de notre dernier séjour à Kocoumbo, au lendemain de ces évènements malheureux, des témoignages, recueillis auprès de résidents, font état de nombreux décès par semaine, dus à ces accidents de travail.

La contamination des cours d’eau par des produits dangereux tel que le mercure

Une autre des conséquences que nous souhaitons mentionner est la dégradation de l’environnement naturel, l’écosystème. Les cours d’eau dans lesquels nos hommes lavent les minerais extraits du sous-sol reçoivent les déchets de ce travail, parmi lesquels le mercure et le cyanure, produits utilisés pour séparer le métal précieux des autres débris de la terre. Ces produits sont dangereux à la consommation et se retrouvent hélas dans des cours d’eaux utilisés par les populations villageoises riveraines pour leur besoin quotidien, notamment pour faire la cuisine et même pour boire. Il y a en outre la pêche dont les produits tels que les poissons deviennent des poisons pour la consommation.

Pour des informations précises sur la contamination des cours d’eau, regarder cette vidéo qui parle des effets des produits chimiques utilisés dans l’orpaillage sur le lac Kossou dans la région de Yamoussoukro: https://www.youtube.com/watch?v=ceVzVFtirOg)

Les terres deviennent incultivables du fait de leur dégradation

Les nombreuses galeries dans la terre la dégradent et mettent en danger les populations qui fréquentent les forêts où cela est fait, pour leurs cultures. Les risques de tomber dans ces trous sont énormes, mais surtout l’impossibilité pour les populations d’y pratiquer leurs cultures pour leurs survies devient problématique.

L’insécurité, la prostitution et les IST sévissent

Notons également qu’avec l’avènement de ce négoce dans certaines régions, l’insécurité apparait et sévit sur les routes car les chercheurs d’or, détiennent illégalement pour la plupart, des armes.

Il faut également évoquer la recrudescence de la prostitution dans ces villes, donc celle de son lot de conséquences directes telles que l’apparition des maladies ou infections sexuellement transmissives, mais aussi celle des maladies dues à l’inhalation de la poussière par les populations et principalement par les ouvriers eux-mêmes. 

La pénurie des produits vivriers, la déscolarisation des phénomènes consécutifs à l’orpaillage clandestin

Nous n’oublions pas le délaissement des occupations traditionnelles de nos populations paysannes, à savoir l’agriculture, au profit de l’orpaillage bien plus lucratif. Cela a pour conséquence le manque de vivres et donc leurs importations à partir d’autres régions productrices. Il va sans dire que les prix desdites denrées alimentaires augmentent, eu égard à la faiblesse de l’offre sur le marché et des coûts de transport. La pratique de l’orpaillage nécessitant l’utilisation du bois pour soutenir les parois des galeries creusées, elle met également à contribution la forêt qui se voit détruite. 

Soulignons aussi l’abandon de l’école par les élèves qui se tournent vers l’orpaillage pour avoir « l’argent  rapide ».

Lire cet article qui donne de nombreuses informations sur l’orpaillage clandestin et ses conséquences en Côte d’Ivoire.https://www.fratmat.info/article/87237/62/orpaillage-clandestin-l-or-qui-appauvrit)

L’Etat a-t-il laisser faire?

Nous savons pourtant que cette pratique existe depuis des dizaines d’années dans de nombreuses régions du pays. Nous nous demandons donc pourquoi le gouvernement l’a laissé prospérer depuis toujours sachant qu’elle est interdite.

Il est pourtant informé de son déroulement depuis ces nombreuses années.

L’Etat ivoirien, par le truchement de son gouvernement, a un grand rôle à jouer pour mettre fin à cette activité illicite.

La difficile obtention des documents pour exercer l’activité

A la question de savoir pourquoi les populations et les travailleurs de ce secteur n’ont pas d’autorisations pour exercer ce travail à Kokoumbo, nos interlocuteurs ont rétorqué que des demandes sont introduites auprès des autorités, notamment au ministère chargé des mines, et que cela dure depuis des années sans que ces autorisations ne leur soient délivrées. Ces documents seraient donc difficiles à obtenir.

On pourrait croire que la réalité de Kokoumbo est à étendre à l’échelle nationale d’autant que les autres régions du pays vivent les mêmes situations avec les forces de sécurité.

La solution des unités semi-industrielles préconisée en lieu et place des grandes entreprises minières

Je me suis aussi posé la question de savoir pourquoi le gouvernement lui-même ne permettait pas à des entreprises de s’installer dans ces régions pour des exploitations industrielles, qui pourraient générer des emplois directs. Un habitant qui vit et travaille à Bonikro, une sous-préfecture non loin de Kokoumbo et qui connait les mêmes activités, m’a répondu que cela se fait lorsque les estimations du sous-sol sont grandes et que Kokoumbo pourrait ne pas remplir cette condition. Il a plutôt préconisé des solutions intermédiaires telles que l’installation des unités semi-industrielles, qui sont autorisées dans certaines localités. Ces petites unités pourraient donc remplacer les grandes entreprises industrielles et permettre également aux populations locales de bénéficier des fruits de cette affaire dans la légalité.

Force doit revenir à la loi

Dans tous les cas, il faut que les populations de Kokoumbo, ainsi que celles des autres régions confrontées aux mêmes problèmes, se mettent en conformité avec la réglementation en la matière en se faisant délivrer les fameux sésames, leur permettant d’exercer dans la légalité auprès des autorités chargées de le faire, comme cela se fait ailleurs, dans d’autres régions qui connaissent les mêmes réalités. Laisser cette activité se mener telle que nous la connaissons actuellement reviendrait à accepter qu’elle continue à détruire la nature, et par conséquent, tout le pays.


Bohui Noël-Pol le « Rizicologue », un passionné de riz

L’homme dont j’ai décidé de parler est un passionné du riz, au sens large du terme. Le riz, depuis sa culture jusqu’à sa consommation, n’a aucun secret pour lui. En plus, il se bat pour faire la promotion de la consommation du riz cultivé localement en Côte d’Ivoire, car selon lui, le pays regorge d’énormes potentialités pour en produire en grande quantité et ainsi atteindre l’autosuffisance en riz. Je vous invite donc à découvrir Pol Le « Rizicologue », ses activités, ses difficultés, mais aussi ses espérances.

Il se nomme Bohui Pol Noël-Leguy. Il est un passionné de riz. Il le proclame tous les jours sur son compte Facebook. Il utilise des expressions propres qu’il a inventées pour montrer son amour pour le riz. Tous les matins, indiquant l’heure, il salue ses abonnés en des termes spéciaux tels que :  » Rizijour » à tous les « Rizilandais ». Il fait le même exercice les soirs. Il a donc inventé des mots dont le radical est le « riz ».

Il signe ses publications sur le réseau social depuis un certain temps, de cette façon : « C’est une affaire du Riz de chez-nous. Je suis POL le Rizicologue. Je suis Rizilandais. Riziland c’est chez-nous. Le Riz de chez-nous, c’est ma vie ».

Pol Bohui Noël-Leguy est un homme d’une quarantaine d’années. Il est marié et père d’un enfant. Il est agro-entrepreneur dans le domaine du riz, basé à Sinfra, qui selon lui, dispose de plus de 25. 000 hectares de terres propices à la production du riz. Il se surnomme ‘’Pol le Rizicologue’’.

Pol le « Rizicologue » dans une rizière. Crédit photo: Profil Facebook de Bohui Noël-LeguyPol

Pol est du groupe ethnique Béthé, un peuple du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire dont le riz est la nourriture de base. Il s’est donné pour mission de faire en sorte que le riz de chez nous devienne une priorité pour les ivoiriens. Il espère atteindre l’autosuffisance en riz dans notre pays. Pour ce faire, il se bat comme il peut avec ses moyens de bord notamment les réseaux sociaux.

Notre ami dit avoir commencé à s’intéresser à l’entrepreneuriat dans le riz par le commerce de ce produit cultivé localement depuis 2004. Cette expérience s’est malheureusement soldée par un résultat négatif. Il précise cependant que sa passion pour cet aliment remonte à 1994. Il s’est ensuite tourné vers la vente du riz importé à partir de 2005. Il n’avait pas de magasin de riz à lui-même. Il était alors démarcheur de certains grossistes. Il a fait cette activité jusqu’en 2012 où il s’est à nouveau tourné vers le riz local. Avec quelques économies mises de côté de sa collaboration avec les grossistes, en 2008, il ouvrait, en partenariat avec un couple, un magasin de vente de riz du côté de Yopougon Niangon Sud. Ses commissions étaient comprises entre 100 à 300 F CFA.

Pol le « Rizicologue » admirant des épis de riz. Crédit photo: Profil Facebook de Bohui Noël-LeguyPol

Quand survient la crise post-électorale qu’a connue la Côte d’Ivoire en 2010-2011, son activité prend encore un coup. Il se relance en 2012 sans pour autant connaître le succès escompté. Il décide alors de s’imprégner véritablement de la filière du riz local. Il se rend donc dans certaines villes du pays comme Man où il touche du doigt les réalités sur le terrain. Il pousse son engagement pour le riz en commençant à le cultiver avec des amis. Ils font de la location ou du métayage avec les communautés villageoises auprès de qui ils obtiennent les terres.

A partir de cette expérience, Pol comprend les difficultés que rencontrent les producteurs du riz local.

Il nous informe que la filière qui compte environ 800 000 riziculteurs, est un peu à la traîne. Elle n’est pas organisée et les producteurs se débrouillent comme ils peuvent. Ils utilisent encore des outils rudimentaires. Aucun fonds n’est mis à leur disposition pour aider à financer leur activité. On observe un retard dans la mise à disposition des semences et des produits d’entretien. Il y a des régions où ils n’en reçoivent pas du tout.

Le « Rizicologue » dans une exploitation tenant une machette, un outil rudimentaire. Crédit photo: Profil Facebook de Bohui Noël-Leguy Pol

Le tableau n’est cependant pas sombre à tout point de vue. Le gouvernement a affiché sa volonté de développer la filière avec des actions qu’il a posées, en l’occurrence la construction de rizeries de grandes capacités, allant de 2 tonnes à 5 tonnes à l’hectare et l’aménagement de certains bas-fonds pour la culture du riz. Ainsi la création d’un ministère chargé de la promotion de la culture du riz avait suscité un réel espoir dans la filière. Malheureusement ce ministère a disparu avec les derniers remaniements ministériels.

A la question de savoir s’il existait une politique du riz en Côte d’Ivoire, Pol le Rizicologue affirme que le gouvernement avait élaboré une stratégie nationale de développement de la filière pour la période de 2012 à 2020 dont l’objectif visé se déclinait en trois points :

Il s’agissait d’une part de produire pour couvrir la totalité des besoins de consommation de 2012 à 2016 ; d’autre part, de constituer un stock de sécurité ou de régulation de 2016 à 2018 et enfin de devenir un pays exportateur à partir de 2018. Cette politique était censée générer des activités hautement génératrices de revenus, permettre d’obtenir des produits compétitifs, aider la filière à atteindre une sécurité alimentaire et lutter donc contre la pauvreté.

Le Document de la stratégie du riz en Côte d’Ivoire de 2012 à 2020 est consultable par ce lien : http://www.ondr.ci/sndr_2012-2020.php

Un nouveau document stratégique a été annoncé par le gouvernement en 2020 et visait l’atteinte de l’autosuffisance en riz en 2025 et son exportation à partir de 2030.

Des points positifs existent dans la filière bien qu’il y ait beaucoup à faire. Le marché est aujourd’hui fourni en riz local de bonne qualité, bien traité, sans cailloux, sans débris végétaux, etc., bien parfumé au goût excellent, bien conditionné, labellisé, et à des prix intéressants.

Le travail avec des amis et partenaires permet d’avoir accès à des outils modernes telle cette moissonneuse-batteuse. Crédit photo: Profil Facebook de Bohui Noël-Leguy Pol

Pol affirme avoir de bons rapports avec les représentants de l’ADERIZ (Agence de Développement du Riz) et compte mettre cela à profit pour améliorer ses activités dans la filière.

La promotion du riz local de qualité pour que les ivoiriens le consomment est la principale activité de Pol le « Rizicologue ». Il veut engager les producteurs, acteurs majeurs de la filière et les transformateurs à adopter les bonnes pratiques qui permettront d’avoir du riz local de qualité. Pour cela, il s’engage également à développer des marchés locaux, principalement dans les zones de grandes productions comme à Sinfra où notre ami a déposé ses valises et outils de travail depuis quelques temps, pour la commercialisation du riz produit localement.

Trouvez par ce lien, un article de présentation de l’ADERIZ http://www.ondr.ci/ondraderiz.php

Le séchage du riz. Crédit photo: Profil Facebook de Bohui Noël-Leguy Pol

La côte d’Ivoire regorge, selon Pol le « Rizicologue », de plusieurs zones de production divisées en 10 bassins de production ou pôles de développement rizicoles. Il affirme par ailleurs que le riz est produit partout en Côte d’Ivoire avec cependant, des régions ayant de grandes potentialités rizicoles que sont : le Tonpki, le Cavally, Le Guemon, la Nawa, l’Agnéby-Tiassa, le Gôh, la Bagoué, le Folon, le Tchologo et le Kabadougou. C’est selon lui une chance pour le pays s’il veut véritablement atteindre l’objectif de l’autosuffisance en riz.

Sur l’atteinte de l’autosuffisance en riz en Côte d’Ivoire, consultez cet article en ligne du journal le monde https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/12/16/le-long-chemin-de-la-cote-d-ivoire-vers-l-autosuffisance-en-riz_6023093_3212.html

Pour atteindre donc cet objet, notre ami préconise les actions suivantes :

– L’accessibilité et une disponibilité de semences saines à haut rendement. Cela nécessite la création de centres semenciers dans les zones de production de riz ;

– La mécanisation de la filière ;

– La réhabilitation des périmètres rizicoles et faire de nouveaux aménagements ;

– La mise en place d’un fonds dédié au financement de la production ;

– La formation et le renforcement des capacités des acteurs de la filière ;

– La mise en place d’un mécanisme pour inciter les importateurs à financer toute la chaîne des valeurs. Cet outil pourrait attirer d’autres investisseurs ;

– La réglementation et la régulation de la chaîne de distribution.

L’amour du produit fini. Profil Facebook de Bohui Noël-Leguy Pol

Enfin, notre « rizicologue » pense que la Côte d’Ivoire est un pays qui a de véritables atouts pour produire suffisamment le riz et que cela pourrait couvrir les besoins de la consommation. Ce qui pourrait transformer les vies des acteurs de toute la chaine de production car il y existe de nombreuses opportunités d’emplois que cette filière peut créer. L’espoir existe dans la filière. Elle constitue une mine d’or pour les investisseurs parce que le marché du riz alimentaire se côtoie avec celui du riz non-alimentaire. Il encourage aussi et pour finir, les producteurs et les distributeurs à fédérer leurs forces pour la mobilisation de fonds aux fins de financer leurs activités en attendant que le gouvernement se décide à le faire.

Pour découvrir quelques opportunités et difficultés de la filière du riz en Côte d’Ivoire, lire cet article : https://blogs.worldbank.org/fr/nasikiliza/le-riz-source-dopportunites-en-cote-divoire-ndeg4-la-difficile-recherche-de-moulins


Les restocards, une chance pour les étudiants de l’université Alassane Ouattara et des grandes écoles de Bouaké

Le centre régional des œuvres universitaires de Bouaké (CROU-B) a initié une carte rechargeable destinée aux étudiants et leur permet d’avoir accès à la restauration. Cette carte dénommée Restocard présente de nombreux avantages. Elle leur ferait un grand bien si elle peut permettre de dématérialiser les opérations liées au retrait des bourses et aides octroyées.

L’enseignement évolue avec les nouvelles des techniques de communication

Le monde évolue. Nous devons évoluer avec lui pour ne pas accuser un trop grand retard dans le développement de nos sociétés en Afrique. L’école traditionnelle nous a permis d’avoir des rudiments que nous utilisons aujourd’hui. Cependant, depuis l’avènement des nouvelles technologies de l’information, avec internet comme moyen de communication, la manière d’enseigner et les habitudes ont aussi évolué. Il faut donc épouser l’ère de notre temps. Tous les pays du monde utilisent ces outils qui facilitent la vie dans plusieurs domaines. L’usage de l’outil informatique s’avère alors indispensable. Il l’est encore plus avec la venue, il y a deux ans, de la pandémie du COVID-19 qui continue de faire de nombreuses victimes, notamment avec ses nombreux variants et il faut dire que les scientifiques éprouvent des difficultés à l’éradiquer.

L’adaptation de l’école aux conséquences de la pandémie du coronavirus

La venue de cette pandémie a mis à terre l’économie du monde. Elle a obligé les Etats à prendre des mesures difficiles de confinement de leurs populations afin d’empêcher sa propagation. Pourtant, les activités et les économies devraient reprendre et s’adapter à cette nouvelle réalité. La plupart des pays du monde, y compris le nôtre, la Côte d’Ivoire, ont opté, au niveau de l’école, pour le télé-enseignement qui a permis aux pays de la maintenir en vie. Le télé-enseignement a donc utilisé les outils informatiques et surtout internet pour permettre aux élèves et étudiants de recevoir les enseignements. Les télévisions traditionnelles, des plateformes dédiées à l’enseignement et à l’éducation ont été sollicitées pour ce faire.

Le paiement des frais d’inscription en Côte d’Ivoire par les mobile-money depuis quelques années

En plus, la dématérialisation de certaines prestations scolaires et universitaires confirme l’ampleur de la chose. Notons par ailleurs que depuis quelques années, les portemonnaies électroniques ont fait leur apparition en Côte d’Ivoire. Les paiements de certains services et biens se font par ce biais, ainsi que les inscriptions des élèves et étudiants par des portails internet ou par mobile-money, etc. C’est la dématérialisation des frais d’inscription qui est consacrée par ces paiements. Elle se concrétise aussi avec d’autres services en rapport avec l’école. C’est le cas avec la dématérialisation des achats des repas pour les étudiants de l’université Alassane Ouattara de Bouaké.

Attroupement d’étudiants devant le service des bourses pour le retrait de leurs fiches de paiement, étape nécessaire avant le retrait de l’argent liquide à l’agence comptable à 200 mètres. Crédit photo: Marshall Darell publiée dans le Groupe Facebook Plateforme estudiantine de l’UAO

De nombreux désagréments lors des périodes de paiement des bourses

C’est ce que je souhaite voir se faire pour le service des bourses de cette même université. En effet, en service dans une administration domiciliée sur l’espace universitaire depuis bientôt une année à Bouaké, mon constat est que la période de paiement des bourses aux étudiants est une période de désordre sur le site de paiement et sur le site de la constitution et des retraits des documents afférents à la bourse. En effet, on observe des attroupements et des longs rangs d’étudiants avec ce que cela peut provoquer comme désagréments, bruits et même intimidation. Tout cela est amplifié par l’intervention d’un syndicat d’étudiants implanté à Bouaké qui fait la pluie et le beau temps pendant cette période.

La carte Restocard pour les étudiants de l’université Alassane Ouattara de Bouaké. crédit photo: Chef du Service informatique et administrateur du site internet du CROU Bouaké

Faire comme les universités de Daloa et d’Abidjan en matière de paiement des bourses

Aujourd’hui, à l’ère de la révolution informatique, il est inadmissible que l’on observe ce genre d’attroupements de personnes pour des services qu’on peut régler avec ces nouveaux outils. Il y a quelques années, une banque a implanté sur l’espace de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody des guichets automatiques. Renseignements pris, ces guichets ont été installés pour permettre aux étudiants boursiers d’y faire des retraits au moment où les bourses seraient payées. En effet, le service des bourses avait eu l’idée d’inviter les étudiants boursiers à ouvrir des comptes bancaires pour y recevoir les virements de leurs bourses pour justement éviter les désordres dus aux paiements traditionnels.

J’ai aussi été informé que l’université Jean Lorougnon Guédé de Daloa payait les bourses des étudiants par mobile-money avec les numéros de portables que ces derniers communiquent aux responsables du CROU, au moment de la constitution de leurs dossiers.

La dématérialisation des opérations du services des bourses de l’UAO s’impose pour plus d’efficacité

En dématérialisant le service des bourses, depuis la constitution des dossiers jusqu’au paiement de celles-ci, on évitera les attroupements, les agressions d’étudiants faibles par d’autres et on gagnera en sécurité dans l’espace universitaire. Parce qu’en fin de compte, l’évolution de la société nous oblige à nous adapter aux nouveautés que ce monde nous offre. C’est pourquoi je souhaite que le service des bourses du CROU de Bouaké se mette également à la dématérialisation pour rendre le service fluide et surtout pour mettre fin aux nombreux attroupements avec son corollaire de conséquences.

Les Restocards, un exemple à suivre

Au Centre régional des œuvres universitaires de Bouaké, CROU-B, mon attention a été captée par l’existence de cartes dénommées RESTOCARD. Ce sont des cartes initiées et lancées par le CROU de Bouaké, avant l’avènement de la pandémie du COVID-19, le 02 juin 2015, mais qui restent d’actualité. Les bénéficiaires sont les étudiants de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké et ceux des Grandes écoles de Bouaké. Cette carte qui permet d’identifier son détenteur fait également office de porte-monnaie électronique. Elle permet aux étudiants de payer les repas dans les restaurants universitaires des différentes cités de l’Université Alassane Ouattara et dans les cafétérias universitaires. Sa détention lui permet également de bénéficier de plusieurs autres services du CROU-B tels que le service socioculturel ou l’infirmerie.

Rechargement d’une carte par un agent du CROU Bouaké. Crédit photo: Chef du Service informatique et administrateur du site internet du CROU Bouaké

Par ailleurs, elle donne droits à des réductions sur les abonnements au Centre Culturel Jacques Aka de Bouaké, dans un partenariat avec le CROU de Bouaké. 

Comment l’étudiant de Bouaké obtient-il sa carte Restocard ?

Tout étudiant de l’université Alassane Ouattara de Bouaké ou dans les grandes écoles de Bouaké, régulièrement inscrit se fait établir sa carte en se rendant dans les services du CROU-B chargés de le faire. Il débourse la somme 2000 FCFA. Il peut ensuite recharger sa carte d’un montant minimal de 200 F CFA, correspondant au prix d’un plat servi dans les restaurants universitaires. Pour le reste, il pourra ensuite recharger sa carte au gré de ses ressources.

Les autres bénéficiaires de la carte Restocard

En dehors des étudiants, d’autres personnes peuvent bénéficier des cartes RESTOCARD. Ce sont les personnels du CROU-B, ceux de l’UAO et les agents des entreprises prestataires exerçant sur l’espace universitaire. Cette carte leur permet de prendre aussi leurs repas dans des restaurants universitaires qui leur sont dédiés.

Un pas de plus vers la dématérialisation de la carte Restocard par les rechargements par mobile-money

Pour faciliter l’utilisation de ces cartes, la direction du CROU de Bouaké envisage de trouver un accord avec les maisons de téléphonie mobile pour qu’elles puissent se recharger par les services mobile-money. Cela éviterait qu’ils soient obligés de se déplacer chaque fois sur les sites de rechargement dans les différents campus et restaurants. Ce serait vraiment louable et le projet serait plus abouti.